Ceci est une ancienne révision du document !
LES EXPLORATIONS
Ces explorations sont à double usage : exploration pour un choeur qui performe, ou pour des spectateurs invités, en contexte de rue, à chausser un casque et à assister ou participer à l'action.
Un exemple de matière, la circle song, principe de chant en groupe à plusieurs voix, sans paroles si partition, sur une base de phrases musicales simples que l'on fait tourner, permettant ainsi l'improvisation vocale d'un soliste qui prendra une, deux ou trois boucles pour improviser, avant de revenir dans le choeur et de laisser la place à un autre soliste.
Voici les 6 voix séparées de la Circle song n°6 de Bobby Mc Ferrin, et le tutti :
BEAT BOX :
BASSE 1 :
BASSE 2 :
TENOR :
ALTO :
SOPRANO :
TUTTI :
Réflexions après le premier jour de résidence sur l'exploration 1
Retour de sa propre voix et le casque. Le casque isole beaucoup. Il permet de saisir toutes les nuances proposées par le leader. Cependant, aucun retour de sa propre voix n'est possible. Il est donc important de garder une oreille libre pour entendre sa voix.
Sensation d'isolement et de retrouvailles Au démarrage de l'apprentissage, on se retrouve seul avec la proposition mélodique entendue dans son casque. Cette sensation est paradoxalement agréable et inconfortable à la fois. On peut prendre le temps de s'isoler et appréhender la voix à chanter tranquillement, et à la fois la sensation de groupe que l'on connait avec une pratique de chorale habituelle est absente. Par contre, lorsque l'on commence à se rapprocher des autres participants, on ressent pleinement cette impression de partager une expérience.
Distances physiques du coeur. Le gros intérêt de cette démarche est de pouvoir démarrer un choeur individuellement, au lointain. Pour la fin de la semaine, nous allons réfléchir à la possibilité de “feu de camp”, c'est à dire de proposer les casques au lointain, et de se rapprocher pour arriver au centre de la place, où l'on peut enfin retirer les casques et pratiquer le coeur simplement.
Exploration 2 : un dialogue de cinéma soufflé au casque et performé en temps réel
Deux choeurs sont formés, chacun connecté à un canal différent dans son casque. Les répliques d'un dialogue de cinéma sont données par le leader de chaque choeur, au micro, ou depuis un logiciel de synthèse vocale. Chaque choeur découvre donc sa réplique en temps réel, et doit la restituer avec l'intention donnée et en homorythmie (au besoin le leader donnera un départ). On pourra jouer sur les intentions de jeu, les tailles des choeurs, selon le dialogue. Il sera également possible de diviser le choeur en 3. Dans le 3ème canal sera donné le thème musical du film correspondant, restitué en direct par le groupe 3, qui pourra accompagner la scène dialoguée en temps réel. Une réinterprétation distordue qui donne un nouveau sens, un nouvel éclairage, …
Un exemple :
Autres possibilités : un dialogue entre un SAV et un client mécontent ; un conte pour enfants (avec un narrateur et deux personnages, type Le petit chaperon rouge) ; une interview …
Extension : le son est traité en temps réel (voix pitchées notamment) et diffusé sur des enceintes nomades placées près du public, qui peut entendre à la fois la source et la distorsion
Variante musicale : le choeur est divisé en deux canaux et chaque groupe entend une chanson française très connue dans son casque, en version karaoke. Entre chaque phrase le leader donne très rapidement le texte, et le choeur tente de chanter la chanson sur la bande-son. On choisira des chansons qui peuvent créer un effet de frottement ou de résonance. Exemple : un groupe avec “Je suis venu te dire que je m'en vais” (S. Gainsbourg), l'autre avec “Ne me quitte pas” (J. Brel).
Exploration 3 : créer des tableaux
Se laisser à divers scenarii pour créer des mini performances réalisées par les spectateurs / choristes.
Exemple A : de la cacophonie individualiste au choeur harmonieux
Les choristes entendent une chanson dans leur casque, à faible volume. Ils ont pour consigne de garder le casque chaussé et de chanter une autre chanson de leur connaissance, différente de celle qu'ils ont dans leurs oreilles, et toujours légèrement plus fort. Au début c'est facile car le volume est faible, le.la choriste peut encore s'entendre un peu chanter. Chaque choriste chantant une chanson différente, une cacophonie s'installe. Petit à petit le volume de la chanson au casque monte, les choristes chantent de plus en plus fort et faux car ils ne s'entendent plus du tout. A un certain moment, la chanson diffusée dans leur casque change et ils auront reçu en amont la consigne d'arrêter de chanter et de chanter cette nouvelle mélodie apparue dans le casque. Divisés en trois groupes / trois canaux de réception, le changement de musique au casque se fera de manière espacée, pour arriver finalement à un unisson une fois que les trois groupes ont reçu la nouvelle mélodie et la reproduisent. On veillera à donner des consignes claires et à soigner les volumes.
Exemple B : un choeur monologue
Un choeur sans chef peut-il parvenir à l'unisson ?
Les choristes ont pour consigne de répéter chaque phrase transmise dans le casque, dans une recherche d'homorythmie (= unisson rythmique) et de précision d'interprétation, en reproduisant les inflexions, les hauteurs de sons de la voix parlée donnée au casque, la durée des silences, les nuances, la précision des attaques et des arrêts, etc., sans direction gestuelle. Un traitement musical de la voix parlée, pour une recherche d'unisson, sur un texte à vocation de mise en abyme qui parlera par exemple de la difficulté du “nous” à faire sens commun.
Exemple C : créer des interactions entre les personnes et faire de l'espace public une aire de jeu
Une bande-son ponctuée de consignes invitant à l'interaction (exemple : regardez la personne la plus proche de vous et complimentez-la sur ses cheveux ; invitez ensuite cette personne à marcher avec vous au rythme de la pulsation ; etc.) entraîne les auditeurs-spectateurs à remettre du jeu dans l'espace public. Des “danseurs pilotes” qui suivent eux aussi les consignes, aideront les spectateurs à entrer dans le jeu. Les propositions et la musique sont d'abord douces, permettant de laisser aller peu à peu la timidité, pour aller jusqu'à une danse collective.
Un exemple :